Pensées minimales
Le ciel me tomba sur la tête. Ou plutôt la foudre -
mais on n'est pas toujours maître de son destin, surtout quand d'autres s'en sont emparés.
Ce tonnerre résonne encore dans ce qui reste de ma conscience, comme une balle de ping-
dans une petite boite dévalant un gouffre sans fond.
Suis-
Pas même comment je m'appelle, mais cela ne m'inquiète pas.
Je suis même plutôt serein, calme, comme apaisé, comme un rebelle qui ne lutte plus.
Tiens, pourquoi ai-
Je suis immobile, dans un état de cataplexie bonhomme et benête, et je m'y complaîs.
Peu de temps auparavant, car ce souvenir me revient, j'ai reçu une lettre du procureur.
Donc malgré tout, le temps demeure, je suis dans les temps en temps utile, de temps en temps au temps,
en même temps juste à temps et ayant fait mon temps par les temps qui courent, bref le temps s'écoule.
J'hésitais entre le temps et l'éternité. Le temps c'est cool mais « l'éternité c'est long, surtout vers la fin (1) ».
Je reçus donc un jour une lettre du procureur, qui me signifiait une erreur dans mon état civil.
Il manquait un tiret quelque part, je croyais être moi mais ce n'était pas moi, il me l'affirmait.
Le tiret de l'identité, altérité de ma personnalité pensez-
Imaginez un tiret dans la chaîne du génome, il y en a qui sont devenus scarabées sur le dos pour moins que ça ! (2) .
J'étais identifié. Quelle tyrannie avait fait de moi le simple prolongement d'une entité dévorante,
un simple fonctionnaire-
Je n'étais plus moi ...mais incorporé, transparent, mon être profond négligé et méprisé,
un pantin manipulé au gré des ambitions vicieuses et capricieuses.
Identifié (4). Sans identité propre. A l'identique de l'identifiant. Confondu.
Les choses devenaient tellement simples, je ne luttais plus. Contre quoi, je ne me souviens plus non plus.
J'ai été peut-
Le temps s'écoule et je suis identifié. Je ne sais plus comment je m'appelle.
(1) kafka ou woody allen pour certains
(2) inspiré de « La métamorphose » -
(3) librement inspiré de « la volonté de puissance – Nietzsche
(cf également « le crépuscule des idoles »)
(4) cf « Les chemins de la sagesse » – Arnaud Desjardins